Environ 2 mois après l'entrée en vigueur de la loi permettant à des entreprises privées de verbaliser les stationnements illicites je me prend seulement (enfin?) ma première amende.

De passage sur Akihabara pour acheter le dernier défouloir de qualité en date je me suis garé comme d'habitude avec l'ensemble des 2 roues sur une zone "classique" de parking, un large trottoir, tous les véhicules/vélos bien rangés bien alignés. Bon pas d'excuse c'est clairement pas un parking à scooter. Et je ne me suis pas méfié du tout (un samedi après midi dans un quartier comme celui là j'aurais du). Quand je suis revenu au bout d'un peu plus d'une heure, après avoir glandé inutilement à envisager l'achat d'un nouveau téléphone portable, le mal était fait et l'étiquette était déja collée sur mon guidon. Ayant vu de loin le groupe de pervenches (comme les appeler autrement?) attroupé là ou je m'étais garé j'ai tenté de réagir et on peut dire que ma première rencontre avec ce qui va désormais être mon ennemi numéro 1 de ma vie tokyoite quotidienne a été, sinon calme, plutot enrichissante. Tout d'abord, le presque bon reflexe que j'ai eu : quand je vois la personne qui est en train de photographier l'arrière de mon véhicule pour saisir la plaque d'immatriculation je bondis pour me mettre dans le champs de la caméra, ceci est un bon reflexe, mais surtout il faut RESTER dans le champs et toujours garder sa plaque d'immatriculation cachée (après il faudra que je trouve une technique pour bouger rapidement le scooter en restant derrière, c'est pas gagné). Comme un idiot je suis en effet aller faire un grand sourire à ces personnes en disant dans mon japonais le plus poli que c'était bon que j'allais partir tout de suite que ce n'était pas la peine de verbaliser : seconde erreur, ces gens sont maintenant employés d'une société privée et sont rémunérés aux résultats, bottom line il n'y a pas de négociation possible, et pire que cela, n'appartenant pas de facto a un ordre public et ils se sentent ainsi dégagés de toute obligation vis à vis d'une certaine politesse et marge d'appréciation par rapport aux usagers. C'est là que c'est légèrement parti en c..., leur adressant gentillement et poliment la parole je me suis retrouvé devant un mur de silence et visages fermés, pas une réponse, pas un mot, la photographe a attendu que j'aille m'adresser a ce qui semble être le chef pour prendre sa photo (c'est limite limite vu que je suis là et sur le départ). Résigné je demande un peu plus fermement quelle va être la procédure et là je me fais répondre un "Appelez le numéro sur la contravention" dans un japonais sec qui ne s'emploie JAMAIS entre deux personnes sensées entretenir une discussion normale et civilisée (ie : un flic parlerait comme ça à un prisonnier). Du coup je leur ai fait comprendre le fond de ma pensée, disons plus clairement et dans le niveau de langage qu'ils ont utilisé avec moi, j'en ai même fait un peu profiter les passants qui s'arretaient sur le trottoir. Je suis parti avec la pervenche qui avait sorti son téléphone portable pour appeler les forces de l'odre (les vraies), pas la peine de discuter j'aurais tort de toute facon.

Aucune idée de combien cela va me couter, d'après le billet laissé je vais recevoir par la poste une lettre m'expliquant mon infraction et le montant demandé.

Avant même que ce genre de loi soit promulgué j'ai toujours été contre la sous-traitance de fonctions régaliennes a des sociétés privées. Quand bien même les revenus générés augmenteraient ou bien l'application des lois (enfin on parle de stationnement de vélos hein...) serait plus strictes c'est pour moi une grave erreur de laisser ce genre de gestion a des sociétés qui échappent à tout contrôle pour ne satisfaire que leur objectif de profits a court terme, une ville ou un pays ne se gèrent pas par des chefs d'entreprise. Je ne préfère même pas me demander comment de tels contrats sont attribués connaissant l'immense talent des japonais en matière de corruption et dessous de table. Quant à voir partir une, tres certainement, grande partie de mon amende sur le compte en banque d'un individu privé plutot que réinvesti dans des dépenses publiques ça me hausse le coeur.

ps : note d'apaisement, j'ai recu ma commande et le Sufjan Stevens est vraiment très bien.