La première fois que je suis rentré en contact avec un film de Bill Plympton, c'était à l'occasion de Mutants Aliens, au festival d'Annecy 2001. L'avant-première du film était présentée par le réalisateur lui-même, toujours très ouvert au public. Ce grand dessinateur et animateur américain vient en effet en France à chaque nouveau film et c'est un grand plaisir de le retrouver.
Le ton décapant de son auteur se retrouve toujours dans ses films, courts comme longs, et si avec Mutants Aliens on avait touché du doigt le summum du débile jouissif, avec Hair High, sorti en 2006, Plympton avait voulu faire plus : plus de décors, plus de personnages, plus d'ambiances, plus de voix connues au casting... Après de longs mois à animer comme à son habitude les milliers de dessins nécessaires à la réalisation de ses films, Bill Plympton livrait avec Hair High, dont on pouvait voir la progression via une webcam sur son site officiel, une comédie "aigre-amère" sur les années lycées. Déjà le processus dramatique prennait de l'ampleur, une ampleur qui se confirme aujourd'hui avec le ton et l'ambiance de Idiots and angels.
De l'aveu même du réalisateur, Hair High n'a pas obtenu le résultat escompté en salles. C'est pourquoi Idiots and angels peut surprendre : peu de personnages, très peu de décors. Bill Plympton n'a cette fois pas recherché la débauche de moyens. Il s'est concentré sur ses personnages, ses dessins, ses ambiances. Et force est de constater que cette application lui sied bien : l'histoire de Angel, cadre dynamique déprimé toujours prêt à faire à un mauvais coup, nous plait car elle se concentre sur tous les petits détails de son quotidien, d'une manière particulièrement sincère. Le personnage est grincheux au réveil soit, mais il est surtout très envieux de la belle blonde tenancière du bar qu'il hante. Son comportement totalement obscène vis-à-vis d'elle dans un premier temps nous gène, à la limite d'en faire un sale type. Et pourtant, grâce à toutes les petites choses que nous savons de lui, nous savons qu'il ne l'est pas.
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